Tentative de propagande anti-consumériste

Oui, après tout ce foin, toutes ces vitupérations pleurnichardes sans horizon, après cette éjaculation sémantique, que me reste-t-il ? Que me manque-t-il, Jacques ? Un petit vélo sans doute…
« Car c’est bien beau mais votre dernière production manquait d’un brin de brio, vous vous essoufflez, que dis-je, vous vous êtes perdu dans vos phrases souffreteuses aux allures de vieilles ficelles grises. » Et encore, là je suis clément, jacques. Parce que de nos jours, on ne prend même plus la peine de te signifier ton insignifiance, on te l’envoie tout juste par la poste, qui est une banque. Oui, on t’envoie ton renvoi par la banque. Alors moi qui dois, dans les jours prochains, éjecter violemment un employé de mon équipe pour incompétence notoire (et grattage de couilles intempestives, dois-je le préciser ?), je n’en mène pas large. (pour les petits malins qui auraient vu une faute d’accord, sachez que ce sont bien ses couilles qui sont qualifiées ici, et pas le grattage…)

Aujourd’hui, on a pas la droit – non pas d’avoir faim, non pas d’avoir soif – non, aujourd’hui t’as plus le droit d’être improductif, stérile, infécond, inefficace. A l’heure où je vous parle, tout le monde dort. A l’heure où je vous parle, il vaut quand même mieux être riche et improductif, que pauvre et bosseur, croyez moi sur parole. Je suis relativement riche au regard sur niveau de vie en Afghanistan, mon pouvoir d’achat, indexé sur le prix du Big Mac, est incroyable ici. Je pourrais, si m’en prenait la chiasse, me faire péter un maxi menu triple frite avec tout pleins de trucs tout gras à goût de carton, alors que l’Afghan de base pourrait tout juste me regarder. Je pourrais, si m’en venais le désir incontrôlable, me saturer le système digestif des prodigieux sandwichs de George W. Mac Donald, participant ainsi à l’effort de guerre contre le terrorisme, car c’est sur, il y a des terroristes ici, beaucoup. Faut juste les trouver, alors on cherche partout, écoles, marchés, sacs à main, montagnes, grottes, mosquées (tendance porteuse), hôpitaux, ONG....

En fait, je vous le dis, parce que j’ai confiance, et que vous savez visiblement mieux tenir un secret que vous ne le pensez : les terroristes se planquent dans des endroits qui vous sont familiers, comme une église, type grosse et blanche, ou une maison, type grosse et blanche. Vous ne le savez peut être pas, mais dans le métro…plein de terroristes ! La télé, au boulot, à la FNAC, vos voisins, tous ! … Ne me dite pas que vous n’achetez pas le journal, ne regardez pas TF1 (de l’œil gauche mais quand même…), ou que vous n’avez jamais voté…j’aurais du mal à vous croire ! D’autant que, visiblement, votre capacité à prendre conscience de vos actes, est inversement proportionnelle au carré de la distance à l’application que vous mettez à omettre (nonchalamment) que vous avez des responsabilités quant au merdier ambiant.

Non, vraiment, la terreur règne par le porte-monnaie, la carte de crédit, le sms, le 4X4, le Coca, Nike, Carrefour, l'Oréal, Voici, M6, Dieudonné, Wolfowitz, Johnny Hallyday, Le Pen, Le Pape... Le preuve, c’est que dès qu’on veut vous convaincre que c’est pour votre bien, on ne s’adresse pas à votre intelligence, si morne ou si brillante soit-elle, encore moins à votre sens des réalités…on s’adresse directement au cœur : le compte en banque. Par cette manœuvre, qu’il suppute stratégiquement infaillible, l’ennemi, que nous appellerons Enculé, pour des raisons de commodité numéraire, vous tend l’arme avec laquelle vous pouvez et vous devez le terrasser : l’argent.

Arrêtez d’économiser ! Dépensez sans compter, de toutes façons vous crèverez tout nu. Et si vous n’éduquez pas vos chérubins à bien dépenser votre misérable amoncellement matériel, ils succomberont tôt ou tard aux sables mouvants du crédit, ou au désert de l’avidité. Donc claquez tout, mais claquez bien. Cessez donc de vous donner en spectacle au théâtre du quotidien dans de vilains rôles d’argentiers soucieux du poids de leurs bourses.
Le poids des bourses est ailleurs, d’ailleurs.

La révolution, voici un mot plein de promesses, un mot qui vous a bercé depuis toujours, ce mot auquel vous devez tout, parait-il, alors faite la donc ! « mais avec quelle arme ? » articulez-vous mollement, l’œil torve mais néanmoins ouvert. « mais l’argent, les thunes, la mailles, le blé, l’oseille, le flouze quoi ! » réponds-je, éructant sournoisement à votre encontre. (oui, on peux éructer sournoisement). Puisque nous méprisons le vote électoral, au point d’aller aux urnes comme on va au tiercé, puisque nous avons fait de notre système démocratique une vaste foire aux foutriquets, aux aventuriers éthiquement modifiés, aux vieux vampires hémophiles, puisque le bulletin dans l’urne n’est plus qu’une formalité….
Votez donc avec votre arme, votre cher et inutile argent, boycottez, choisissez.

Comme disait un grand penseur du XXème siècle dont je n’ai pas oublié le nom : « quand on pense qu’il suffirait que les gens ne les achètent plus pour que ça se vende pas ! »

Niko Biro © 2006

Réponse anticipée aux pourfendeurs de tous poils

Les personnes qui auraient vu dans ce texte (voir "O Mystère") autre chose que la sombre expression d’un humour sans amour seraient dans le vrai.
Seulement, la frénésie qui s’empare d’un auteur, si obscur et dénué de talent soit-il, doit s’étancher au pris d’efforts considérables, d’autant que ces compulsions scribouillardes ne se manifestent que trop rarement en dehors des heures ouvrables. Il prends donc négligemment du temps sur ses quotas de production industrielle pour s’adonner à son vice roi.
Dans une société pour laquelle la valeur ajoutée à l’homme par la création de richesses, (dignes de compétition sur le marché des biens et services), revêt toutes les apparences d’un passeport pour le bonheur, considérons donc à juste titre, que cet être vil et sale sacrifie son bonheur au nom de la cause littéraire.
J’en vois déjà ricaner, pouffer dans la promiscuité palmaire de leurs doigts vérolés : « mais on t’as rien d’mandé ! pi t’es nul alors on s’en bat de ta littérature ! »

Ce à quoi je réponds d’un « oui, heu… » flamboyant qui se déploie tel l’albatros atterrissant sur la steppe brune du nord de Melun. Oui, c’est parfaitement inutile pour qui a oublié sa nature, la polarisation de ses cellules, l’énergie, le Ki, la Force, le doux ronronnement de l’intuition, la douceur des tapis de bain. C’est parfaitement inutile pour celui qui, hagard dans le désert de son inculture crasse, se touche le zob en caressant le dernier Paolo Coehlo, ce chantre du grand œcuménisme des forces vives.
Bon, puisqu’il faut s’en prendre à quelqu’un, choisissons P.Coehlo…ou doc Gynèco, ou Johnny H.ou Manu Chao, enfin bref, des types pour qui le bonheur risque d’être vraiment simple comme un coup de pine.
Oui, car « ces gens là » (pour reprendre une terminologie fort à propos), madame, sont des prosélytes convaincus qui prêchent comme des ânes dans une porcherie.
Et voila revenir à la charge les multitudes accablantes des démocrates oublieux !
Oui, c’est inadmissible de charger la mule à des baudets de la culture, car moi-même, après tout, ne suis-je pas inévitablement le con de quelqu’un ? Ne laboure-je pas moi-même, à mes heures, les champs de mon ignorance autosuffisante ? Mais qui suis-je donc à la fin ?!!

Un petit écriveur sans maison et sans clan, qui n’a pas le sida, pas même un cancer ou un truc ou quelque autre logiciel anti-quolibet, pas d’appuis, pas de piston, pas de carnet d’adresse pas de livre d’or… Pas de parent à consonances conniventes dont l’insigne réputation m’aurait épargné toute considération authentique.

Non, vraiment juste un stylo…et la morve au nez.

Niko Biro © 2006

Photo published by Trek Earth

O Mystère

mes chers amis

Une information capitale concernant la culture afghane m’a été rapportée aujourd’hui.
Non contente d’être capitale, cette révélation a totalement bouleversé mes vues sur les perspectives géopolitiques du pays.
Il semblerait (conditionnel de circonstance), qu’une tradition dont on ne sait pas grand-chose, requière des hommes, comme des femmes d’ailleurs, (attention accroches toi bien à ta souris et à ton sac à main), que l’épilation pubienne soit pratiquée avec une rigueur quasi-militaire. Je dis cela sans aucune velléité allusive au style capillaire des conscrits de tous poils.

Donc, ils se rasent allègrement les poils circum génitaux ! Incroyable ! D’autant que plusieurs facteurs, dont certains relatifs au système pileux, sèment le trouble dans les idiomes et autres théorèmes, que j’ai patiemment échafaudés au cours de complexes et laborieuses articulations syllogistiques.
Tout d’abord, le facteur libidineux. Oui, car ici, la licence est sévèrement réprimée, et je me pose la question (sinon qui le fera ?) : quid de la composante auto érotique du rasage pubien ?
Qu’en est-il, donc, de l’allusion sans ambages aux tentations de l’onanisme sournoisement insinué lors de telles pratiques ?

Ensuite, rappelons nous qu’une des lois Talibanes impose le port d’une barbe scrupuleusement dimensionnée (5 doigts en largeur en partant du bout du menton), d’où la question qui le brûle littéralement les lèvres (voire la vulve) : quel est le lien avéré entre cet insolite et insolent vase communicant pileux, rasé en bas, long en haut ? N’y voit-on pas là l’empreinte d’un parangon antithétique à notre disposition capillaro-pubienne ? Certes la question fait chou blanc sur la situation des femmes, mais qui s’en plaindra ici ?

Pour terminer, il faut savoir que les afghans sont relativement velus. Si, par l’entremise d’un schéma descriptif nous nous figurons la carte des poils sur un corps, le sens de cette mutilation, ce refus patent de l’hypertrichose pubienne, ne vous apparaît-il pas paradoxal ?
Car enfin, une fois nu, c’est une déforestation partielle. Elle est circonscrite si précisément, que l’élément « punctum » de l’image devient d’une proéminence totalement monstrueuse ! Le sexe, l’Organe honni pour la fourbe duplicité de sa nature divine et sensuelle impose son rythme spatial. D’autre part, la question esthétique ou (et) fonctionnelle du poil est ranimée dans l’outrageant contraste visuel que l’imagination, soumise à l’élaboration mémorielle approximative, représente à coup d’accentuations de traits et de classifications formellement duelles et hâtives.

Il reste quand même, comme pour résister gauloisement à ce chapelet de questions orphelines, qu’il émane des arcanes abyssaux posés par ce trait culturel une réponse dont l’éclat ma ramené sur nos chers chemins cartésiens. La repousse, la chaleur, le port de textiles de synthèse, tous ces éléments s’entrechoquent dans une sarabande dont l’équation mathématiquement incontestable révèle l’interdépendance phénoménale dans toute sa dimension cosmogonique : on sait enfin pourquoi ils se desquament les burnes avec frénésie en toutes circonstances.

Bien à vous
Niko Birô de Afghanistao

Niko Biro © 2006